La création des collages contre les féminicides.

Le 1er Septembre de la même année, j’ai déménagé à Paris dans le squat “Le Jardin Denfert” où j’ai réuni des centaines de femmes après avoir lancé un appel sur les réseaux sociaux.

En Février 2019, à Marseille, j’ai commencé à afficher ma révolte contre les féminicides dans la rue sur des feuilles A4 grâce au décompte du collectif “Féminicides par compagnons ou ex”.

C’est là que j’ai lancé le mouvement à l’échelle nationale.
Depuis ce jour, des milliers de femmes en France, au Portugal, en Turquie, au Royaume-Uni, en Pologne, au Canada, et dans d’autres pays, ont suivi le mouvement.

En Novembre 2019, j’ai décidé de prendre du recul face au mouvement que je venais de créer. J’étais épuisée et je trouvais que ça avait du sens de laisser l’espace médiatique à d’autres femmes, qu’il n’y ait pas qu’une seule figure.

Au fil des semaines, j’ai vu apparaitre sur des comptes Instagram intitulés “Collages Féminicides + nom de la ville”, des collages qui abordaient des sujets clivants comme le transactivisme ou la prostitution.

Pourtant, tous les jours, à chaque femme que j’ai rencontrée, j’ai répété que c’était important de nous unir au-delà des désaccords.

Le sabotage d’un mouvement : quand les transactivistes ridiculisent les collages contre les féminicides.

J’ai pensé aux familles et aux proches des victimes de féminicides, à celles qui m’avaient parfois envoyé un message pour me demander de coller le nom de leurs mères, de leurs soeurs, de leurs tantes, de leurs amies. Je savais qu’elles regardaient ce qui se passait sur Instagram, et j’ai eu honte que cette création dédiée aux femmes assassinées soit instrumentalisée.

Honte que ma révolte initiale soit devenue une étiquette marketing pour faire du like sur les réseaux alors que le collectif “Féminicides par compagnons ou ex” continuait à recenser nos mortes à un rythme toujours aussi insoutenable.

Le 22 Janvier 2020, j’ai publié un thread sur Twitter pour exprimer ma colère, et pour expliquer en quoi je considère que l’idéologie transactiviste est incompatible avec le féminisme.

Depuis ce jour, ma vie a basculée. J’ai perdu des amies. Je suis victime de harcèlement et des menaces. Je suis bannie d’un certain nombre de cercles y compris professionnels.

Des femmes continuent à détourner les collages contre les féminicides, et tentent même de m’effacer en produisant des oeuvres comme le livre “Notre colère sur vos murs” (éditions Denoël), qui en plus de parasiter ma création, m’en retirent la maternité.

Collage arraché, QG de l’Amazone, Août 2020

Les violences sont aussi physiques. Le 7 mars 2021, lors d’un regroupement organisé par le CAPP, nous avons été plusieurs à recevoir des coups et des oeufs dans le visage.

En Août 2020, les transactivistes sont entrés dans notre nouveau QG : l’Amazone. Ils ont arraché nos collages, ils ont diffusé sur les réseaux sociaux, des photos d’eux se mettant en scène de façon hypersexualisée, à base de drogue et de sextoys au milieu de nos messages dédiés aux femmes mortes.

En plus de détruire notre lieu, ils ont profané leur mémoire.